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Dans une interview accordée à France Inter le 5 mai dernier, Stéphane Lissner est revenu sur la crise extrêmement importante traversée actuellement par l’Opéra de Paris.
Le directeur général de l'Opéra de Paris a rappelé que ces dix dernières années, l’État a diminué son financement de plus de 15 millions d’euros. L’Opéra de Paris doit maintenant s’autofinancer à plus de 60%. Par ailleurs, le pacte de stabilité de 2017 a plafonné les dépenses des collectivités locales, ce qui a eu pour conséquence leur inévitable et progressif désengagement.
Après le conflit social le plus long jamais connu par l’institution – et qui a engendré une perte de l’ordre de 15 millions d’euros –, l’Opéra a dû faire face aux annulations liées à la pandémie. Le Ring mis en scène par Calixto Bieito était particulièrement attendu, mais les premiers spectacles de la Tétralogie ont été annulés, et on se dirige maintenant vers une probable annulation de l'ensemble du cycle prévu en novembre/décembre 2020. Des répétitions étaient en effet prévues dans le courant de l'été : elles sont très compromises...
Stéphane Lissner explique que, pour la première fois depuis très longtemps, l’institution va se retrouver fin 2020 sans fonds de roulement et avec un déficit de 40 millions d’euros.
Rappelons le protocole envisagé pour la reprise des spectacles : 1,50m de distance entre les spectateurs, port du masque, lavage des mains, marquage au sol pour faire entrer et sortir les spectateurs, distances à respecter entre les artistes, suppression des entractes, décontamination des instruments : pour Stéphane Lissner, ce protocole, certes nécessaire, est tout bonnement inapplicable à l’Opéra de Paris, aussi bien pour le public, les artistes que pour les salariés. Aussi envisage-t-il de mettre à l’ordre du jour du prochain conseil d’administration la fermeture de l’Opéra jusqu’en 2021, ce qui permettrait d’effectuer certains travaux, initialement prévus à l’été 2021.
© Christian Dresse
© Marc Ginot
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